La fourmi un beau soir se trouva fatiguée.
Sans répit depuis l’aube elle avait guerroyé
Contre d’autres fourmis tout aussi enragées.
Elle s’en fut rechercher asile sur un rocher.
Grimpant gaillardement ce refuge élevé
Elle découvrit un homme tout aussi épuisé.
« Que fais-tu là puissant guerrier tout équipé ? »
L’homme ouvrit un œil quelque peu désolé.
« Hélas, fourmi, que l’on soit nu ou bien armé,
Il faut sans nulle trêve à la guerre s’en aller »
A ces mots, la colère s’empara du rocher.
« Que dites-vous, misérables écervelés ?
De matière morte je suis bien totalement constitué
Et je rêve de balades sous des cieux étoilés.
De vous voir tous ensembles depuis bien des années
Passer le temps à vous entretuer
J’enrage d’être à jamais bien immobilisé.
Quand vous serez chair morte tous deux bien transformés
Peut-être un peu la vie allez-vous regretter
Il en sera bien temps, guerriers décérébrés ! ».
La fourmi, qui est sotte il faut bien l’avouer,
Et l’homme, intelligent il faut le constater,
Restèrent bien silencieux et très désemparés.
Reprenant leur courage, ils s’en sont retournés
Vers la guerre qu’il fallait bien un jour terminer
Tous deux moururent de go et furent très admirés
Par leurs chefs qui au chaud étaient bien sûr restés.
Moralité :
Qu’on soit ou non par l’intelligence habitée
Le seul endroit connu pour bien se protéger
Est le sommet lointain d’un vieil ami rocher.
Passé ou avenir ?