Le quartier où je vis est calme… très calme… trop calme…
Pourtant les premiers propriétaires des maisons construites il y a plus de 60 ans ont tous rejoints leurs ancêtres, comme tous les êtres humains raisonnables qui ont compris que rajeunir est théorique…
Ils ont été remplacés par des couples de jeunes adultes qui ont un ou plusieurs enfants… alors les rues devraient résonner des bruits de leurs jeux d’extérieurs…
Mais non, c’est calme, très calme, trop calme…
Je me souviens dans les années 1980, de mes recherches dans les environs de ma maison afin de retrouver mes enfants partis en balade avec les copains et copines… « vous rentrez pour midi, on mange à l’heure !!! » …
Là, en discutant avec mes petits-enfants des années 2020, je découvre qu’ils passent leurs journées à la maison…
En 40 ans, le commentaire est passé de « où sont-ils ? » à « encore là ?!!… »
Bien sûr j’ai mes préférences de retraité éduqué à la balade, la rêverie, l’ennui, la lecture, les bagarres, les jeux avec trois bouts de bois, les barrages sur les ruisseaux, les champignons cueillis à peine nés, les vélos dégonflés, les frondes pour tirer sur les oiseaux qui s’en foutaient, les tartines avec pain, beurre et cacao en poudre, les épisodes de Zorro le jeudi après midi avec tous les gamins des environs devant l’unique télévision du village…
Alors vous imaginez bien que le spectacle de jeunes cerveaux prisonniers d’écrans où l’accès à des récits incontrôlables et incontrôlés est immédiat, me plonge dans une infinie tristesse…
Mais qui suis-je pour avoir une vision saine de ce qui se passe ?
Une nouvelle façon de vivre est en train de naître…
Elle me déplaît, autant que les Beatles déplaisaient à mon père…
Alors je garde ma tristesse pour moi,
Le besoin de lucre est tel que rien ni personne n’a jamais pu l’arrêter.
En attendant des jours meilleurs, le quartier où je vis est calme… très calme… trop calme…
J’en ris, j’en pleure…
