Le grand sportif que je suis regarde les reportages sur les JO, armé de ma bouteille de bière et d’un canapé confortable garni de cahouetes salée au minimum…
Ce qui ne cesse de me surprendre est l’explosion des joies que j’observe au moment des victoires…
Le public hurle, crie des « bravos ! on t’aime ! ouaihhh ! » et autres cris divers et variés. L’énergie est telle que les cordes vocales éclatent et volent en éclats, sans bruit, comme le démontrent les voix éraillées des spectateurs qui répondent aux questions intelligentes des journalistes du genre « alors vous êtes contents ? »
Le vainqueur, homme, femme ou équipe, fait de même et montre souvent une dentition de qualité et une glotte encore frétillante de l’effort fourni…
Oui, cette explosion de joie me surprend, car finalement gagner un 100 mètres, est-ce plus joyeux que trouver un vecteur biotechnologique pour soigner la mucoviscidose ?
Avez-vous déjà vu un orateur d’un congrès scientifique apprenant qu’il a le prix Nobel se rouler par terre en hurlant « ma mère ! je suis trop content !! »
Que nenni !
L’intellectuel est pudique à l’extérieur… mais à l’intérieur et dans l’intimité, il est HEUREUX … La joie reste cachée et non partagée et des cris de joie, des embrassades non…
C’est dommage…
Le prix à payer pour une avancée intellectuelle se paye aussi cher qu’une victoire sportive…
Ceux qui connaissent comme je l’ai connu…
Les soirées à lire,
Les nuits à construire un modèle expérimental,
Les week-ends à se déplacer pour les congrès,
Les documents à rédiger pour trouver « des sous »,
Les luttes des égos au sein des laboratoires,
Les patrons qui dominent voire insultent,
Les échecs expérimentaux dans la solitude
Comprennent ce que je dis…
Alors, les futurs PhD, les chercheurs en promotion, les techniciens metteurs au point… à la prochaine victoire … gueuler un peu mince, ça fera du bien à la science !!!
J’en ris, j’en pleure…
