Avez-vous déjà franchi le porche d’une église, bras dessus bras dessous, avec une de vos filles…
Vous êtes endimanché, cravate à double nœud, chaussures éventuellement neuves donc possiblement douloureuses (déjà… la journée va être longue !!)
Votre fille est magnifique dans sa robe blanche, robe choisie en votre présence…
Vous entrez dans l’église…
Vous êtes …
Fier d’être là auprès de la femme que vous avez tenté d’accompagner du mieux possible au cours de ces années…
Étonné d’être là auprès de la femme qui était, hier à peine, vagissante dans vos bras de jeune papa…
Ému de voir les visages connus et inconnus qui attentent votre entrée en se réjouissant déjà des réjouissances présentes et futures …
Inquiet de faire bonne mine et de marcher avec solennité sur un sol inconnu car vous êtes un mécréant, il faut bien l’avouer…
Déjà, vous êtes entré, déjà votre fille rejoint son mari devant la République avant de l’être devant l’église chrétienne qui est la nôtre, déjà vous quittez la scène…
Avez-vous déjà franchi le porche d’une église bras dessus bras dessous avec votre fille… je l’ai fait deux fois…
Immense bonheur que l’on ne peut partager qu’avec soi-même car les mots sont introuvables…
Mais pourquoi diable, pensais-je à ce moment au fond de cette superbe église, lieu inapproprié à cette pensée je l’avoue, je n’ai eu que deux filles dans ma vie ?
Aurais-je dû tenter d’en avoir 5 ou 10 ?
Pensée stupide, instant d’égarement bien sûr que je garderai pour moi !
Mais si cela avait été le cas, cet excès de bonheurs successifs, m’aurait sans nul doute fait rejoindre le monde meilleur promis dans ce lieu de croyance…
J’aimerais que ce monde existe déjà ici…
Vous savez, ce monde où toutes les femmes, vêtues selon leur choix, entrent dans l’endroit de leur choix, pour rejoindre un homme de leur choix, pour vivre la vie de leur choix… comme mes filles…
Comme mon fils aussi, mais sans la robe, plutôt en costume et au bras de sa maman !
Bonne route, ma fille, bonne route mes filles… que les hommes qui vous accompagnent soient vrais…
Ce que j’en dis